Tu veux en découdre ? Je vous présente Jack…
Jack the seam ripper… mon fidèle désoudeur, euh… découseur.
Rentrons tout de suite dans le vif du sujet… Mouhaha !
1) Qui coud, découd et qui pique, dépique !
Je pense qu’on est d’accord.
Tous les couturiers, débutants et même plus aguerris, décousent. Pourtant, personne n’en parle ! C’est vrai que le concept de la découture n’a pas besoin d’explication : il s’agit d’enlever les points de couture (malencontreux).
Pour cela, on utilise un découvit’, découd-vite, découseur…
On peut aussi utiliser de petits ciseaux à broderie, un coupe-fil… Un couteau de cuisine ou des outils de chirurgien !!! Tsss…
Celui qui a utilisé Jack une première fois a compris que « vite » n’est pas le premier qualificatif auquel on pense… à part peut-être pour les innombrables bouts de fils qui nous assaillent et se collent amoureusement à nos pulls/jeans/pantalons ou… sous-vêtements (car je crois savoir que beaucoup cousent en sous-vêtement (!) ) -> je tairai la suite -> discussions d’atelier -> ce qui est dit en atelier reste en atelier. Je ne donnerai aucun nom.
Ce que je vais t’expliquer n’est pas comment découdre mais comment découdre sans en découdre, sans suer et surtout en allant le moins lentement possible. Parce que découdre peut s’accélérer ; le débarassage des fils sus-mentionnés non inclus. 🙂
On va découdre des points de machine à coudre selon plusieurs méthodes, puis des surjets (de surjeteuse), puis enfin des points de chaînette.
J’ai pris les chutes de jean de ce projet. J’ai choisi le jean car il s’y trouve des couture rabattues, des coutures simples et plein de surjets. De plus, la tension de fil est assez forte vu les épaisseurs et le fil hyper solide, donc c’est a priori plus difficile à découdre et donc une bonne démonstration.
L’avantage de cet inconvénient est la robustesse du matériaux. Le jean, tu peux le triturer, il tient le coup sans séquelle.
2) Les points de machine à coudre
La classification et les noms des techniques ci-dessous sont de made in chez moi, rien d’académique ou de livresque dans cela. Je les trouve parlant.
a) Point droit : la découpe « à plat » tous les 3, 4, 5 ou 6 points
La chose à retenir : ne coupe que d’un côté (par exemple celui du dessus). Cela te permet de garder l’autre fil (du dessous) intact. Non seulement, tu peux le récupérer pour coudre un bouton, mais surtout, il ne génère pas de petit fils. Hourra !
Plus ton tissu est fin ou fragile et/ou plus tes points de couture sont courts, plus tu coupes souvent (tous les 2 ou 3 points).
b) Point droit : la « découpe sillon »
Là, c’est le Speedy Gonzalès de la découture : rapide mais prendre quelques (beaucoup de !!) précautions.
Le risque est de planter la pointe de ton découseur dans le tissu et, dans ton empressement, y faire un beau trou… Yerk !
Voici donc le pourquoi de… Roulement de tambour… l’existence de la boule rouge… :
C’est celle-ci qui tu insères dans ton sillon et non la pointe !
Elle ne perforera pas ton tissu, ouf ! C’est bien pensé, non ? 🙂
Ici une chaînette traitée comme un point droit. Pour la technique spéciale chaînette, c’est ci-dessous.
Technique rapide mais qui laisse des fils partout !! Très utile pour les coutures au point droit sur tissus épais ou rigides avec une forte tension.
Puisque l’on est dans les astuces, j’utilise mon rouleau collant afin de ramasser tous ces fils épars. Une brosse à manteau est plus écologique et aussi efficace.
c) Points à l’aiguille double et points zig-zag
Lorsque tu couds à l’aiguille double, en dessous, il s’agit d’un point zig-zag (la feinte !), c’est pour cela qu’on le choisit pour coudre les ourlets dans le jersey. Ce zig-zag lui confère une élasticité dont le pauvre point droit est bien dépourvu.
Là, c’est simple, tu coupes uniquement le zig-zag, sans te soucier des points droits du dessus. Ces points droits sont « bouclés » autour du zig-zag. Plus de zig-zag, plus de points droits, cqfd ! 😉
Idem, si tu couds des zig-zag à l’aiguille double (tu cherches le double effet ou bien ?). Tu coupes en dessous et le dessus disparaît de lui même. Bonus écologique : tu gardes tes fils pour tes boutons (comment ça, tu mets des pressions ?)
Les points zig-zag seuls se décousent comme un point droit simple (cf ci-dessus).
3) Les surjets de surjeteuse
Qui ne ne ressent pas une envie de hurler vague de désappointement quand il remarque qu’il doit découdre une couture de surjeteuse… Hein, qui ?
Eh bien, c’est presque plus simple. Ci-dessous la preuve en photo !
a) définition du point de surjet
Le surjet est un point qui assemble et surfile en même temps.
Ces points sont proposés par les surjeteuses mais aussi les machines à coudre ; la différence majeure est que la surjeteuse coupe les bords de ton tissu juste avant le surfilage afin que le fil vienne proprement englober le bord (sans aucun fil qui dépasse).
La méthode ci-dessous s’adapte uniquement au surjet de surjeteuse (ami de La Palisse, bonjour mais ce n’est pourtant pas une lapalissade).
Les surjets de machine à coudre sont en fait de multiples piqûres avant, arrière, côté… ça, ce n’est pas vraiment pas une sinécure à découdre et à ce jour pas de méthode probante pour se simplifier la tâche. Voici des exemples :
b) Des histoires de boucles qui nous simplifient la vie
La surjeteuse crée des boucles qui s’entrelacent. Si tu y vas à la méthode brutos, tu vas te retrouver avec une pagaille de fils, un tissu tout froncé par tant de violence et des nœuds à défaire.
Voici la bonne méthode
(clique pour agrandir les photos) :
Pour mon exemple, il s’agit d’un surjet 3 fils utilisé en surfilage (et non en surjet car il n’assemble pas). Le pantalon est assemblé lors d’une autre opération par un point de chaînette.
- État des lieux : qui est quoi et qui coud où ?
Pour un surjet (assembler + surfiler), il faut 3 fils : 2 boucleurs (supérieur – bleu marine sur la photo – et inférieur – rouge sur la photo) et une aiguille (fil blanc sur la photo)
Instant technique : les surjeteuses font aussi des points à 2 fils, oui, soit qui surfilent (« bord étroit », overlock à 2 fils », « overlock enveloppé », « bord roulé » aka roulotté…), soit qui assemblent (flatlock), mais pas les 2 en même temps.
Ici le surfil à la surjeteuse (boucleur inférieur – rouge) et le dessous du point de chaînette (gris)
Il suffit de découdre l’intégralité de la couture d’un des boucleurs (ici, j’ai pris le supérieur)
La couture du boucleur inférieur se déboucle !
D’où l’intérêt de ne pas la couper, elle reste d’un seul tenant…
…tout comme le fil (blanc) de la piqûre d’aiguille
4) La joie des points de chaînette !
a) définition
La chaînette est ce point qui ressemble (au-dessus) à un point droit et qui est réalisé :
- soit par une « recouvreuse » (encore une autre machine !)
- soit par une surjeteuse à 5 fils (qui est souvent une surjeteuse recouvreuse)
(la surjeteuse à 5 fils coud en même temps : une chainette + un surjet
= une chaînette + (une couture d’assemblage + un surfil)
= 2 piqûres d’assemblage + un surfil, si tu m’as bien suivie = hyper solide !).
Elle porte bien son nom (bonne pour les vêtements de travail, les sacs soumis à forte tension…)
On les trouve sur les jeans (ourlets et coutures rabattues) donc la chaînette est solide ! Oui… mais elle se défait facilement et c’est tout son paradoxe.
Vu qu’elle est formée de boucles entrelacées, si tu tires sur le bon fil tout se détricote. Le tout est de trouver le bon fil !*
b) Découdre la chaînette en 5 étapes
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Trouver le sens de la découture
La chaînette est composée de boucles. Je vais les apparenter à des gouttes d’eau afin de mieux s’y retrouver. Une goutte d’eau a une partie bombée et une partie pointue.
La partie arrondie de tes boucles doit se trouver vers le bas, ça te donne l’impression que ça « descend vers toi ». Bien sûr cela n’est qu’une illusion d’optique, rien ne descend et rien ne monte mais au moins, tu sais dans quel sens prendre ton ouvrage.
Regarde (clique pour agrandir) :
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Savoir quels fils couper
Pour découdre une chaînette, tu ne coupes des fils qu’une seule fois !! Oui, une seule fois ! De plus, tu n’as même pas à y réfléchir, tu coupes tout l’ensemble de fils qui forme un « point » (sans percer son tissu, of course !).
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Trouver le fil sur lequel tirer
Pour le moment, ton point est encore bloqué en raison de ses entrelacs. Tu places ton découd-vite au niveau du point du dessous et tu attrapes le fil le plus à droite (celui qui forme la moitié de la goutte d’eau qui remonte).
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Tirer sur ce fil pour découdre la chaînette
Il suffit de tirer jusqu’au bout de ta couture. Si ça raccroche, c’est qu’un tout petit fil continue de faire le blocage. Un petit coup sec et il s’en ira. En cas de tissus plus fragile, une fois que tu as coupé ton point, tu « tritures » les fils coupés, le tout petit bloque (de quelques millimètres) s’en ira et toute ta découture coulissera jusqu’au bout.
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Enlever le fil du dessous
Tu arrives à ça :
Les picots que tu vois sont les boucles de l’autre fil (sur l’endroit du vêtement) qui sont restées dans les perforations de ton tissu. Tu le retournes, tu attrapes un point, tu tires et ce fil se défait tout seul. Hein, tu les aimes les chaînettes ! 🙂
Pour ceux qui veulent vraiment aller plus loin et analyser les boucles de la chaînette, je vous ai fait un dessin technique : attention, effets spéciaux ! 🙂
En marron, le fil du dessous (« les picots »), en vert les boucles.
Il est beau mon découd-vite, non ? Il y a même la boule rouge ! Effet spécial ! 🙂
En bleu, le petit fil qui peut coincer
En rouge, la boucle à attraper pour tout découdre.
5) Maintenant, c’est à toi !
Si tu décides de t’entraîner à découdre les surjets de surjeteuse (ci-dessus point 3), choisis le confort des couleurs de fils contrastées parce que noir sur noir, ce n’est pas le plus évident…
De même, choisis de longs points. On coud souvent à points trop courts (-> effet home made un peu trop criant) et puis, point plus long = moins de points à défaire sur la même distance et points plus facile à attraper avec le découd-vite… C’est toujours ça de pris !
Je te souhaite plus de coutures que de découtures et que celles-ci te soient malgré tout plus confortables !
Maintenant, tu en es là 😀
Du fil et mon
14 octobre 2015 at 21 h 51 minah ah ! S’il fallait que je totalise le nombre de minutes que j’ai passé à découdre …. OUlala, cela serait des heures …
Vive le découd vite !
Merci ! Pour tous ces rappels !
Milie
15 octobre 2015 at 6 h 36 minCool merci ! 😉
Gielle
15 octobre 2015 at 6 h 47 minGénial! merciiii 🙂
Anne-Sophie
15 octobre 2015 at 10 h 08 minOooh ! La boule rouge sert à ça ! Et bah.. Si seulement on m’avait dit ça plus tôt.. Merci 😉
Fleur Maneene
15 octobre 2015 at 12 h 22 minMerci c’est Génial! Trop bien les astuces! Grâce à toi je n’aurais plus peur d’Igor… mon jack à moi ! 🙂
Lisa
15 octobre 2015 at 17 h 54 minTuto passionnant, merci !!
Stéphanie
16 octobre 2015 at 7 h 36 minGénial !
Béatrice
16 octobre 2015 at 9 h 24 minMerci pour ces explications. J’étais tjs embêtée avec les surjets.