C’est l’histoire de mon agenda de rentrée qui se lie d’une relation amoureuse avec plusieurs décimètres de passepoil. L’occasion de voir en détail cette technique qui enlumine en un clin d’œil n’importe quel ouvrage.
On va voir comment poser un passepoil sans hurler et sans épingler !
Yessss !
Coup de projecteur sur les parementures pour lesquelles j’avais eu une question en commentaire. Qu’elles soient « à même » ou « rapportées », on va les définir et ainsi les démystifier !
Parce que comprendre le vocabulaire est déjà la moitié de la réalisation.
Les personnes qui s’écoutent parler m’exaspèrent et en matière d’enseignement, « la complexité est de faire simple ». C’est très facile de faire compliqué et c’est très compliqué de faire simple. C’est certainement de mon passé professionnel que je tiens cela, à force d’avoir travaillé avec des juristes qui barricadent leur monde de mots qui se croient savants… Ici, j’emploie le vocabulaire couture mais le but est que ce soit clair. Dis-moi si ce n’est pas le cas. Bref, digression terminée. 🙂
Comme souvent en couture, une image vaut mieux que des milliers de mots. La couture se montre et s’expérimente mieux en face à face.
Pendant la réalisation de ce protège agenda et en vue du tutoriel, j’ai cousu plusieurs erreurs courantes à la pose d’un passepoil. Comme ça tu visualises les conséquences de ces erreurs et peut-être que ça te les épargnera.
Ce tuto est déclinable à tout protège cahier, couverture de carnet de santé… Il suffit de lui changer ses cotes.
Allez gogogo !
Tout d’abord, voyons l’ordre dans lequel on va coudre tout ça
ou autrement dit :
représentons-nous, dans l’ordre, toutes les étapes de construction du projet :
- pose de passepoil entre les deux parties qui forment la couverture
- préparation du rabat arrondi
- le passepoil de la parementure rapportée
- l’assemblage de la parementure rapportée
- préparation du rabat rectangulaire
- pose du passepoil autour du protège agenda
- assemblage final
1 ) La couverture passepoilée de l’agenda
Je passe assez vite sur cette étape car je détaille avec des photos la pose d’un passepoil plus bas.
Assemblage endroit contre endroit des 2 parties de la couverture. Le passepoil est placé en sandwich entre ces deux pièces. Tu couds ainsi à l’aveugle mais grâce au pied de biche spécial pose de passepoil, no soucy ! Tu vois ça juste un peu plus bas.
Tu surpiques du côté où tu rabats la marge de ton passepoil.
2) Préparation du rabat arrondi
Ce rabat est composé d’une pièce jaune et d’une pièce rouge passepoilée. Cette pièce rouge est la parementure.
Pour la définition de la parementure, je te renvoie à ma réponse au commentaire de Turlututu que je copie-colle ici :
Une parementure est une pièce de tissu qui permet de finir un bord et de le renforcer. On la trouve donc logiquement aux endroits qui nécessitent d’être finis et renforcés comme les ouvertures.
C’est pour cela que l’on en trouve pour les encolures (avec ou sans col), les emmanchures (vêtements sans manche), les pattes de boutonnage…
Elle peut être « à même » ou « rapportée ».
Une parementure « à même » est le prolongement du bord que tu souhaites terminer (c’est-à-dire que c’est le même tissu que l’on replie). Exemple : la patte de boutonnage qui est souvent à même. Tu as ainsi le même tissu endroit et envers.
Une parementure « rapportée » est une autre pièce de tissu, coupée puis assemblée (cousue) au bord.
Comment choisir entre les 2 ?
Les règles fondamentales sont simples et logiques :
– quand ton bord à finir est une ligne bien droite -> parementure à même car tu peux plier (patte de boutonnage de chemise)
– quand ton bord est courbe, bizarroïde ou rond -> parementure rapportée car tu ne peux plier
Je t’avais dit que c’était simple!
Reprends la forme de mon rabat. Si j’avais prolongé mon tissu dans l’arrondi, je n’aurais pas pu le replier proprement.
Les patrons sont conçus de manière à ce que tu ne te poses pas cette question. Cela dit, une fois un peu aguerrie, tu peux décider de modifier ton patron. Yihaa ! 😉
Exemple : sur une chemise, tu peux décider de faire une parementure rapportée pour avoir une patte de boutonnage dans un tissu assorti (la classe !). Dans ce cas, tu peux la faire visible ou invisible, c’est-à-dire sur l’endroit ou sur l’envers. On trouve ces parementures dans les chemises du commerce : sur l’envers de la patte de boutonnage visible une fois le vêtement boutonné (patte avec les boutonnières) et sur l’endroit sur la sous-patte de boutonnage (avec les boutons) pour un jeu de « je te vois, je ne te vois pas » très élégant.
a) La pose du passepoil doré sur la parementure
Mon rabat est composé de 2 parties (pièces) :
mon rabat jaune moutarde + la parementure rouge passepoilée
J’utilise un pied de biche pour passepoil composé de 2 gorges dans lesquelles se place le passepoil. Ainsi, guidé, il reste à sa place. 😉
- Définition
Le passepoil est une cordelette de diamètre plus ou moins important (il peut être très gros sur les canapés par exemple) enserrée dans une bande de biais cousue envers contre envers.
- Qu’est-ce qu’un un passepoil bien posé ?
Le passepoil est pris en sandwich entre 2 pièces de tissu. Il doit se lover dans le sillon de cette couture et ne pas rebiquer.
- Point essentiel
Si tu ne dois retenir qu’une chose en matière de passepoil c’est qu’il faut le coudre au plus près de la cordelette et au moins au plus près de la couture de maintien du passepoil (il l’a quand tu l’achètes).
Mieux vaut coudre trop à gauche, c’est-à-dire sur la cordelette qu’à droite de cette piqûre.
Si tu couds à droite : 1) tu vas voir la couture de maintien du passepoil (pas très joli mais bon, ça se découd au pire mais surtout 2) ton passepoil, au lieu de se loger dans le sillon de ta couture va créer une sorte de languette qui rebique… Effet bof et pas bœuf.
1) je n’épingle pas car je n’épingle que quand c’est strictement nécessaire (cherche le mot épingle)
2) c’est impossible avec ce pied de biche ! 🙂
Alors comment coudre un passepoil sans épingle ?
Quand on s’essaye à la couture sans épingle, on peut compenser cette impression d’être lâchée au bord du vide par le fait de prendre des repères sur son tissu. Tu vas écrire sur ton tissu, oui oui. Pour connaître les outils à acquérir pour bien débuter, regarde cet article (cherche « stylo » ce coup-ci).
La première chose est de repérer sa marge de couture. Chez moi, elle est de 1cm. Je dois donc placer mon passepoil afin que, lors de la couture avec mon autre pièce, je fasse coïncider la ligne de couture finale et la couture de maintien de mon passepoil.
Tu peux au préalable dessiner cette ligne de couture finale sur ton tissu et placer au fur et à mesure ton passepoil de manière à ce que ta future ligne d’assemblage et la couture de maintien du passepoil coïncident.
L’œil s’exerce et s’habitue très vite à reconnaître et évaluer le centimètre ou le centimètre et demi de marge de couture. Comme dit ma prof de danse : « au début, ça paraît difficile mais ensuite, le corps sait ce qu’il doit faire »… et là… ta tête se repose puis-je ajouter.
Tu vois ici que mon bord de passepoil doré ne coïncide pas avec mon bord de tissu.
En effet, si je les avais alignés, je n’aurais pas pu respecter ma marge de couture d’un cm.
Mais pourquoi les fabricants ne placent-ils pas la ligne de piqûre de leur passepoil à 1 cm, scrogneugneu !
A moins que ce ne soit pour économiser du tissu, je l’ignore mais il doit y avoir une raison.
Tu remarques aussi que j’ai déjà cousu à gauche de la couture de maintien de mon passepoil. Yeah !
Cette couture est définitive, je vais ensuite retourner mon passepoil pour qu’il se place au bord puis le surpiquer.
Après surpiqûre, ça donne ça sur l’endroit :
Tu remarques que ma parementure « tient debout », elle n’est pas plate. Tu te dis : « ouille » !?
C’est dû aux tensions importantes sur ton tissu rouge qui est à la fois courbe et recourbé. 🙂
Rassure-toi, une fois attaché au bord de la couverture, tout cela va se tendre et s’aplanir.
Pour bien faire, tu voudrais repasser ! Non ! Cette pièce est toute petite et très courbe, elle est donc majoritairement dans le biais. Si tu la repasses, tu vas la déformer à coup sûr. Abstiens-toi donc. Pour une fois qu’éviter le repassage est une bonne chose, profites-en !
Et sur l’envers :
La piqûre apparaît à droite alors que je t’ai dit à gauche.
Normal, c’est retourné donc la cordelette est à droite ! :p
b) Assembler la parementure rapportée
On a ça :
Est-ce que tu remarques quelque-chose ?
On n’est pas endroit contre endroit !
Aaaaahhhgggrh ! Mazette ! 😉
Représente-toi (ou épingle) la parementure en position finale et fais du reverse engineering 😉
La position finale est bien l’envers de ma parementure rouge sur l’endroit de mon rabat jaune.
Pour arriver à cela, on va donc coudre l’envers de mon rabat jaune sur l’endroit de ma parementure rouge.
Ça donne ça sur l’endroit :
Et ça sur l’envers :
Ensuite, il te faut retourner le tout sur l’endroit mais pas n’importe comment…
- Le crantage
Dans des courbes, souvent, on crante, tout le monde le fait mais sais-tu pourquoi ?
Représente-toi le tissu de la marge de couture, l’ouvrage une fois retourné. C’est la crise du logement là dedans !
Qui dit manque de place, dit tensions ;
Qui dit tensions, dit gondolage ;
Qui dit gondolage dit, au mieux, ça m-énerve-j-ai-besoin-d-un-thé,
au pire, arrachage de cheveux et déception.
- Comment cranter ?
D’abord, on coupe le surplus de tissu :
Quel intérêt de ne pas faire une marge directement de 5mm ?
Aucun. Seulement, quand on ajoute les marges de couture, c’est plus confortable d’ajouter partout la même. Ici, 1cm. À la couture, ce sont les mêmes repères : ton œil habitué à 1cm, tu couds un peu en automatique, dans ta « zone de confort couture » si je puis dire.
Quand tu débutes, 1) tu te crées cette zone de confort et 2) ensuite, tu t’amuses à en sortir !
Pourquoi recouper ?
Pour qu’il y ait moins de monde boudiné dans l’ouvrage une fois retourné.
Puis tu crantes :
Cranter = entailles simples.
Pas la peine de faire des « V ». Ça arrive même assez rarement (pour des tissus trèèès épais).
Une fois retourné, le tissu des marges de couture va se superposer comme un éventail et c’en est fini des tensions.
Ma prof de couture me disait : « souvent et peu profondément », ça nous faisait grassement marrer (ouaf, ouaf) mais du coup, je m’en souviens. 😉
S’arrêter au max à 1 mm de la couture. Ici, c’est un protège-agenda donc il n’y aura pas vraiment de tension sur ces pièces + la courbe est douce => Pas besoin de trop cranter.
Tu retournes :
Ensuite, c’est roulage de couture sous les doigts puis fer à repasser (on y vient).
J’aurais pu faire une sous-piqûre, j’aurais pu. 😉 Mais elle n’est pas dans ce cas, nécessaire (si tu ne sais pas ce que c’est, claque un comm’ et je ferai un article) 🙂
D’abord, tu roules bien la partie blanche (envers du rabat jaune) en dessous puis tu écrases au fer.
(photo prise avant)
Si tu veux fixer et fermer définitivement cette parementure, tu supprimes l’étape de surpiqûre ci-dessus et tu surpiques maintenant avec ton rabat jaune.
Fini, ça donne :
3 ) Le rabat rectangulaire
Alors là, tu vas voir, c’est « finger in the nose ».
Tu replies le bord de ton rabat. Tu couds.
Tu remarques que je couds sur l’endroit. Tant que c’est possible, fais-le, tes finitions seront plus belles. Mon rabat est stabilisé par mon entoilage intissé d’épaisseur moyenne. Pour éviter les surépaisseurs une fois l’ouvrage retourné, l’entoilage est coupé sans marge de couture. 2 surpiqûres au point triple.
4 ) Le passepoil tout autour
Ce passepoil est cousu en 2 temps :
- la pose tout autour de la couverture
- l’assemblage des 2 rabats avec ma couverture passepoilée
a) Pose tout autour
- les angles
Tests : 2 angles ont été cousus sans cranter (simplement étirés en jouant sur leur élasticité), les deux autres crantés 1 ou 2 fois.
Crantage :
– tu crantes au cours de la couture, pas en amont
– tu remarques que je ne couds pas à gauche de la couture de maintien. À cette étape, ce n’est pas important de coudre à gauche ou non de cette ligne. C’est à l’assemblage final que tu le feras. Coudre le passepoil à ce stade permet seulement de le fixer et de pouvoir l’utiliser comme guide pour l’assemblage avec les rabats.
Lors de l’assemblage final, tu vas coudre à l’aveugle puisque le passepoil est pris en sandwich entre tes 2 tissus. C’est là que tu dois réussir à coudre à gauche de cette ligne et le truc drôle c’est qu’elle est cachée. Farceur ce passepoil ! 😉
Pour réussir cette étape il suffit :
1) de te laisser guider par le pied passepoil qui fait son travail
2) de vérifier en tâtant de temps en temps que tout est bien en place
3) de calibrer ta machine en déplaçant l’aiguille (si elle le permet) afin qu’elle pique à gauche de cette couture de maintien.
Alors un cran ou deux crans ? Verdict plus bas.
- le raccord du passepoil
Vu qu’il fait le tour, tu devras relier les deux extrémités.
Plie bien à bord à bord, pas comme là, pour la photo et plaque bien ton pli, pas comme là non plus 🙂 C’est juste le temps de la photo. Finition visible plus bas.
Verdict :
A gauche les passepoils seulement étirés.
2 crans en haut à droite, 1 cran en bas à droite.
C’est le 1 cran qui gagne !!
5) Assemblage des rabats : assemblage final
Voilà la couture à l’aveugle. Ready, mets tes lunettes… 🙂
Pièces posées endroit contre endroit.
J’ai ajouté de l’entoilage sur mon rabat arrondi seulement à ce stade car, il est noir et je ne voulais pas le prendre dans les coutures. Une fois l’ouvrage retourné, il est suffisamment loin de mes bords pour qu’il ne soit pas visible.
Pourquoi ai-je placé le rabat en dessous ? Ça paraîtrait logique de le placer au dessus, on verrait mieux ce que l’on fait, non ?
Je couds toujours en dessous la pièce qui est susceptible de bouger ou d’être mal entraînée.
Ici, le rabat étant plus petit, plus léger, si je le place au dessus, il risque, avec la pression du pied presseur de rester un peu sur place alors que ma couverture aura été entraînée. Je veux que mes pièces restent bien bord à bord. En la plaçant en dessous, je suis sûre qu’elle sera entraînée. Ça peut te paraître bizarre, alors je précise. Là, c’est juste un retour d’expérience personnel, rien d’académique.
- Le crantage, encooore ?? 🙂
J’ai recoupé ma marge à droite. Rien d’indispensable et même pas vraiment nécessaire ; un geste machinal, je pense, mais qui ne fait pas de mal !
On retourne et c’est fini, on place, on repasse et on y glisse son agenda.
Il est possible d’ajouter un tissu au niveau de la reliure de l’agenda. J’en mettrai la prochaine fois pour une finition plus belle encore. Je ne voulais aucune surpiqûre visible sur l’extérieur de mon protège-agenda. Je le collerai donc.
D’ailleurs, j’ai collé le passepoil rouge qui reste tout seul en haut et en bas. Il aurait été possible de le coudre sur l’entoilage (tordue la fille) mais avec du fil très fin pour éviter les reliefs à travers le tissu. Je persiste, 4 remplis sur ce tissu ajouté et un coup de colle.
Apprendre avec des projets simples des techniques que l’on retrouve dans des projets complexes. C’est la pédagogie de Made in chez toi.
Parementures et passepoils se posent toujours de la même façon. S’il n’est pas exactement comme tu le souhaites, c’est moins visible sur ton agenda que que ta parementure d’épaule de chemise ! Et quand tu couds à l’aveugle, c’est juste le temps des rabats.
Le concept est là, la méthode et la technique aussi.
En atelier, on optimise le temps d’apprentissage, tu repars avec une réalisation et non une pièce d’étude, et les erreurs ou approximations (normales !) des débuts ne sont ni criantes ni gênantes !
Merci de vos commentaires ci-dessous, ils me poussent vers l’avant !
Dis-moi par exemple quelles techniques tu souhaiterais que je détaille dans un prochain article, ce que tu penses de cet article ou encore demande un éclaircissement dont tu as besoin.
A très bientôt !
Marie Christine
3 octobre 2015 at 8 h 35 minmerci pour tes explications et tes tuto.
Brigitte Vabien
3 octobre 2015 at 12 h 55 minBravo pour le tuto si bien expliqué et illustré !!! et merci aussi ^-^
Du fil et mon
3 octobre 2015 at 14 h 59 minTrès jolie pochette et tuto très sympa ! Y’a plus qu’à !
Et surtout j’adore le passe poil! IL fait partie de mes « rajout » préféré !
Magali
5 octobre 2015 at 8 h 11 minMerci beaucoup Charlotte ! Je suis ravie que tu essayes !
Fée Poulette
5 octobre 2015 at 9 h 11 minSuper tuto pour une très jolie réalisation!!!
Je l’ajoute à ma ToDoList (déjà longue de 4 bras!!)
Les explication sont très claire et agréables à lire, ce qui est rare 🙂
Bonne continuation!!
Chris
23 octobre 2017 at 14 h 42 minMerci pour toutes ces explications si utiles !!
Laurence
10 août 2019 at 21 h 59 minGénial, bravo et merci pour toutes ces explications bien claires, je vais suivre ton blog
belle et douce soirée
laurence