L’équipe pédagogique de l’école de ma fille a décidé l’an dernier de mettre en place la semaine des parents. Me voilà sur le chemin de l’école avec ma machine à coudre, mon gros sac de ouatine, un couffin, plein d’accessoires bizarres pour un atelier spécial découverte !
Dans les cahiers de correspondance, nous nous sommes vus proposer d’intervenir dans les classes sur un thème précis : notre métier, nos passions, nos talents, nos activités extra-professionnelles…
Ainsi, plusieurs parents se sont prêtés au jeu de cette transmission. Les enfants ont ainsi pu découvrir les premiers secours avec un médecin urgentiste, le yoga, la lecture en polonais, la méditation et, je vous le donne en mille… la couture !
J’ai passé un moment inoubliable et cela me conforte dans plusieurs domaines :
1) j’adore transmettre, expliquer, faire mettre en pratique
2) tant aux enfants qu’aux adultes
3) les enfants bien encadrés peuvent coudre dès 6 ans !
5 classes se sont montrées intéressées : 4 CP et 1 CM2.
(Photos d’une classe de CP, merci à Marie, la maîtresse !)
Mes interventions ont duré 2h en mordant souvent sur la récré. 😉 Beaucoup ont préféré rester afin de voir le coussin fini, bien rembourré et confortable.
Je tenais à les sensibiliser aux matières, les initier à la notion de volume et les faire manipuler la machine à coudre !
1. La couture dans la classe et dans leurs familles
a) Leurs objets quotidiens
Nous avons tout d’abord regardé autour de nous et identifié tous les objets qui étaient passés par la case couture.
Hum… Cette étape les a beaucoup intrigués car presque tout était concerné : trousses, chaussures, cartables, rideaux de la classe, foulard de la maîtresse et bien sûr leurs vêtements.
On coud pour s’habiller, décorer, pour ranger mais aussi pour s’amuser. J’étais venue avec un couffin fait maison pour la poupée de ma fille et mes saclapins qui ont tout de suite eu un fan club.
La couture est tout autour de nous !
Elle n’est pas dépassée, bien au contraire et il y a bien des petites mains qui cousent notre quotidien…
b) Leurs familles
J’ai appris que beaucoup de leurs grand-mères *et* grand-pères cousaient mais que leur mamans et papas « pas trop » 🙂
Ensuite, grâce aux grands couturiers (qu’ils connaissent plus par leurs parfums), on a rappelé que la couture n’est pas un truc de fille mais bien accessible à tout le monde.
Ensuite, nous sommes entrés dans le vif du sujet !
On s’organise en 3 groupes avec chacun de quoi découvrir :
- un panier tactile avec de la soie, de la suédine, du voile de coton, du lin, de la polaire, du cuir à toucher, étirer, triturer, caresser, sentir…
- des patrons en carton de tétraèdres et cubes pour saisir la mise en volume de formes plates ;
- la couture à la machine à coudre pour créer un coussin destiné à la bibliothèque de la classe.
2. Les matières, le tissage et la géométrie
a) Les matières
Commençons par les matières naturelles. À froid, la laine est la première à laquelle ils pensent alors on a poussé un peu le bouchon en regardant les étiquettes de leurs vêtements pour trouver beaucoup de 100% coton et quelques noms super difficiles à lire en CP ! 😉
Puis, nous sommes arrivés au lama, à l’angora et au cashmere.
« Quoii ? Le Cashmere, c’est de la chèvre ?? » ;D
« Oui, le cashmere, c’est bien de la laine de chèvre (la chèvre cashmere, ndlr), et puis le coton est une fleur, et le fil de soie est produit par un ver qui se transforme en papillon, le fil, c’est son cocon que l’on déroule ».
Bouches ouvertes, yeux écarquillés…. Scotchés, quoi !
b) Le tissage
On a abordé les procédés pour en arriver à l’étoffe : le tissage… et le tricotage ! Ils portent des t-shirts en « jersey »(1) de coton alors ce n’est pas très pratique, j’ai dû aller piocher dans mon panier tactile.
(1) Le « jersey » est, pour info, est un tricot formé de boucles entrelacées et non un entrecroisement de fils.
Enfin, on s’est lancé dans la géométrie avec des patrons de cubes et de tétraèdres.
c) Géométrie magique et astronomique
J’avais découpé plusieurs patrons différents arrivant au même volume. 2 formes différentes à plat pour arriver au même volume ? Autant dire que j’étais une magicienne !
Mes tétraèdres ressemblaient volontairement à des fusées ou des avions et mon cube+pyramide à une maison (sans fenêtre mais bon). C’était plus facile pour retenir ce mot barbare qui frotte la gorge : tétraèdre. Il est même devenu notre challenge du jour : s’en souvenir pour le placer dans la conversation du soir avec les parents. Imaginez leurs têtes ! 🙂
3. Passez nos coussins à la machine, faites sourire 😉
T’as vu la blague ou je sors ? (amour, machine, bouillir, tu vois ?) 😉
Chaque enfant a personnalisé le coussin de sa classe en cousant à son tour une ligne d’un point de broderie de son choix. Visiblement, ça me met dans tous mes états !
Le plus dur était de choisir le motif. Ensuite, c’est chacun son style : certains cousent en jetant un œil aux réactions des camarades, d’autres s’accrochent au tissu, d’autres encore ont fait ça plus facilement que leurs lacets… 🙂
Tous ont été très consciencieux et pressés de venir coudre !
4. Des carrés au coussin : l’assemblage
Mes seules coutures ont été celles de 4 côtés. Voilà ce que ça donne :
« Ils est beau votre coussin, il vous plaît ? »
Là, ils ont douté, je les ai vu se déconfire… 🙂
Naan, c’est une blague…
Remettons les choses dans l’ordre ! Rassurés, nous sommes passés à un autre atelier, l’effilochage de ouatine !
Eh oui ! Il faut bien le garnir ce coussin. J’avais apporté des chutes à effilocher. Ils ont adoré !
Un gros gros sac pour un petit coussin, encore des notions de volume !
4. Tadâââ !
Chaque classe a désormais un beau coussin pour son coin lecture. Sur l’autre face du coussin, j’ai brodé l’année et le nom de l’école. Tous les coussins sont différents, tant en matière, couleurs qu’en broderie. Certains points sont irréguliers, d’autres lignes pas très droites, la marque des premières fois.
J’ai reçu de beaux dessins et mots de la part des enfants, merci !
Un petit garçon m’a même dit qu’il allait apprendre la couture à sa grand-mère… 😀
Je remercie vivement l’équipe pédagogique pour cette initiative, leur dynamisme, leur sourire et leur accueil ! Je suis pressée de collaborer de nouveau et de retourner à l’école !
A bientôt !
Jeannine
16 septembre 2015 at 7 h 23 minQue c magnifique!
Ça pourrait exister ici aussi ! (Montréal)
Mélanie
16 septembre 2015 at 14 h 42 minUne matière ou je prendrais plaisir à aider mes enfants 🙂
Cécile
16 septembre 2015 at 15 h 21 minAvec mon instituteur de 6e année primaire ont a appris le crochet ! si si
Magali
17 septembre 2015 at 8 h 27 minLa chaaaaannnce !!
Du fil et mon
16 septembre 2015 at 20 h 42 minJe me répète mais c’est un chouette projet !
Et les enfants sont en redemande … Ce sont des choses que l’ont enseigne plus mais qui reviennent petit à petit … Bref, en espérant que ce projet soit reconduit … Bonne continuation, cousette …
Du fil et mon
16 septembre 2015 at 20 h 44 minMon Dieu vive internet et mes fautes d’orthographe, j’ai honte, je suis enthousiaste et je vais trop vite ! donc: comme je suis une maîkresse ; je corrige … « les enfants en redemandent », « que l’on » … voilà 🙂
Magali
16 septembre 2015 at 20 h 50 minMerci !
Oui, vive internet et les fautes, sans compter les coqilles ! 😉
Cela dit, je suis heureuse que ce soit votre enthousiasme qui en soit la cause !
Cet atelier a tellement plu que je pense qu’il sera reconduit. J’en suis ravie d’avance et toujours éberluée de la curiosité et de la capacité d’attention de ces petits de la grande école.
Maud
17 septembre 2015 at 7 h 52 minFélicitations! Je trouve que tu as abordé le thème comme une vraie pro ! 🙂
J’adore l’idée de choisir le point que l’on souhaite sur le coussins :p
Encore bravo !
Emilie
17 septembre 2015 at 8 h 06 minC’est très bien pensé et réalisé bravo ! Pour ma part j’ai déjà fait coudre à la machine les CE pour faire des réalisations pour le marché de noël ils avaient adoré les filles comme les garçons (et les parents aussi d’ailleurs).
Liette
17 septembre 2015 at 8 h 12 minil y a eu les arts à l’école. Mais tsé l’école au Québec en ce moment: on coupe! on coupe pis on coupe!
Magali
17 septembre 2015 at 8 h 29 minMerci Jeannine ! Liette, en France aussi, on coupe, on coupe et on coupe… C’est pour cela que l’idée de la semaine des parents en primaire, c’est peu de temps pris sur le programme (qui lui n’est pas coupé), des personnes passionnées qui ont envie de s’adresser aux enfants, la gratuité de tout cela (c’est bénévole) et du partage, du partage et du partage ! Du win-win-win (parents/enfants/enseignants) !
Christelle
17 septembre 2015 at 8 h 20 minJe l’ai fait aussi et c’est vrai qu’ils adorent.
Avec les CE2, c’était confection de boules en tissu, cousues main, pour mettre dans le sapin de Noël.
Avec les MS maternelle, c’était découverte des différents tissus (les poupouiller, en deviner ou apprendre les noms, trouver leurs utilisation), pour finir par la confection d’un gros coussin berlingot, décoré par eux avec des appliqués de tissus (faire un gabarit, l’utiliser)
Et cette année, en GS maternelle, c’est confection de marionnettes en feutrine (formes pré-percées) pour animer les histoires racontées par la maitresse.
Fanny
17 septembre 2015 at 9 h 36 minC’est aussi le projet d’ecole de ma fille je suis ravie!!!
Johanne
18 septembre 2015 at 10 h 35 minWoW génial comme idée.
Ah...Mélie!!!
25 septembre 2015 at 12 h 51 minQuelle belle idée!! Je me vois bien dans l’école de mes filles faire ce genre de présentation!
D’ailleurs quand je travaillais avec des enfants porteurs de déficience intellectuelle, j’ai fait un atelier confection de doudous que tu peux voir là
http://melie-bidouille.over-blog.com/article-bravo-les-p-tits-loulous-80414590.html.
Ils ont adoré! De part leur déficience, j’ai abordé le côté plaisir plus que technique. Et j’ai été bluffé de voir l’effet de la « fabrication » de quelque chose sur leur estime d’eux même. Pour l’enfant le plus difficile, celui qui ne tient pas assis plus de 3 sec, la machine l’a complètement hypnotisé…calmé. Il a pris du plaisir juste à regarder l’aiguille monter et descendre… Le sensoriel joue beaucoup chez ces enfants.
Ensuite lors d’un stage avec des jeunes filles placées en foyer, j’ai fait un atelier création de sac. Un peu frileuses au début: « la couture c’est pour les vieille!! », j’ai fini par devoir me réapprovisionner parce qu’elles en voulaient toutes un, une fois qu’elles ont vu les sacs de leurs copines! Et pareil quelle fierté dans leurs yeux!! « Ouais… Il est canon mon sac!! C’est moi qui l’ai fait!! »
Bref, la couture a des vertus thérapeutiques, sociales et sensorielles qu’on ne soupçonne pas!! Elle devrait être remboursée par la SECU!!
Magali
25 septembre 2015 at 13 h 25 minWahou Amélie, on est vraiment sur la même longueur d’onde !
J’ai justement 2 propositions d’ateliers de couture pour des enfants porteurs de déficience intellectuelle que l’on m’a dit être agités et avoir des difficultés de concentration. J’ai déjà, lors des cours de couture que j’ai animés pendant 2 ans travaillé avec une jeune femme, mère de famille, qui avait des fortes difficultés de concentration et d’application. Elle a réalisé un ensemble composé de 2 vêtements pour sa puce en plusieurs séances, de la reproduction des patrons jusqu’aux finitions. Elle a fait preuve de ténacité, de patience, de constance et le résultat l’a exaltée ! Coudre pour sa fille l’a galvanisée, transformée.
Je te remercie pour les liens et le partage des projets que tu as réalisés avec eux. J’y vais de ce pas.
A très bientôt !
Ah...Mélie!!!
25 septembre 2015 at 12 h 52 minles cas des filles sont là: http://melie-bidouille.over-blog.com/article-ronde-de-sacs-71212844.html
(Soit indulgente, ces articles font parti des premiers que j’ai posté…)
Madio
30 août 2020 at 15 h 11 minWhouah super !! J’adore ta séance de À à Z ! Je me suis lancée ds l’idée de faire faire des serviettes en tissu à mes élèves ts les ans et donc on se lance ds la couture pour faire les bords. (initiation à l’aiguille puis à la machine avec un parent d’élève). Mais je n’ai jamais présenté la couture comme toi et je trouve ça top !! Est ce que tu me permets de te piquer deux trois idées ?