Monter sa boîte ! Ça te tente ?

Tu connais des personnes autour de toi, des amis, des collègues qui se lancent ? Ce n’est plus une exception. La naissance de Made in chez toi est le résultat d’une succession de prises de conscience.

Oui, c’est bien moi sur la photo. Je ne savais alors ce que cette photo adviendrait ! 🙂 Souvenir de Slovaquie.

J’inaugure une série d’articles sur ce thème. Je vais te parler de mon parcours, de l’entrepreneuriat mais aussi des changements de société qui s’opèrent. Je parlerai aussi de la place des valeurs humaines dans le schmilblick et surtout comment ne pas se perdre dans tout ça. Tu l’as déjà compris, cette série a valeur d’essai, au sens littéraire du terme. D’ailleurs elle me permet de poser les choses, de lutter contre la dispersion qui fonctionne de paire avec l’omnipotence de l’entrepreneur.

Commençons par le début, c’est en général un bon point de départ.

Pourquoi ? Mais pourquoi monte-t-on sa boîte ?

Voici les raisons les plus courantes et assumées de monter sa boîte (ou d’en avoir envie déjà) : l’indépendance ma brave dame, la liberté mon cher, sortir du moule, quitter le métro-boulot-dodo, changer de vie, mettre fin à l’impression que là où on est, on se gâche, on se perd, voire pire, on s’oublie ou on ne sert à rien. En creusant, elles sont aussi diverses que les combinaisons du génome humain mais des évolutions d’ensemble tracent de nouveaux grands axes dans les graphiques.

En quoi l’entreprise change t-elle nos vies et pourquoi change-ton nos vies pour entreprendre ?

Les premières réponses surgissent de l’avènement de nouvelles valeurs (I). De l’entreprise jaillit des incohérences auxquelles tu te confrontes quand tu essayes de les faire coïncider avec les schémas actuels du travail (II). Nous pousserons un peu le bouchons afin de se poser encore plus de questions. 🙂

I. L’avènement de nouvelles valeurs

A. La quête de sens

Aujourd’hui, à la question pourquoi travailles-tu ? On ne répond plus simplement « pour gagner ma vie, pardi ! » ou bien « pour les thunes of course ». Parce que ce que l’on est, ce que l’on fait de nos vies, on veut que ça serve, on veut se sentir utile, on veut que nos actions ne soient pas vaines.

Encore quelques décennies auparavant, ce n’était pas le cas. Je vous accorde que c’est une question de « riche ». Le but premier est de vivre, de manger, de se loger. Une fois cela dépassé et même confortablement dépassé, qu’y a-t-il ensuite ? Parce que, quand tu as un minimum le choix de tes activités, tu n’as plus envie de perdre ta vie à la gagner.

Monter sa boîte, c’est faire passer ce sens avant ce confort matériel. Toute proportion gardée bien sûr ! Dans mon cas, nous avons décidé de passer de 2 salaires de cadre à 1 seul. Je ne l’avais pas fait pour monter une entreprise à l’époque mais pour m’occuper de mes enfants. C’est la même  idée-force : le travail ne me fait plus passer à côté de ma vie mais m’enrichit, me nourrit et me correspond profondément.

B. Le développement personnel

Le terreau de ces questionnements est ton ressenti. Kezako ? Tu vois le malaise que tu ressens dans certaines situations professionnelles et personnelles, cette boule dans le ventre ou la gorge, cette bouffée de chaleur ou ce feu de joues qui t’étreint. Ça m’est arrivé quand lorsque je travaillais en cabinet d’avocat. En bon bizutage, j’ai hérité d’une pile de dossiers « MB »…les dossiers « mal barrés ». :D. J’avais à traiter un dossier de défense d’une personne que je savais responsable des sanctions qui s’étaient abattues sur elle.

Et là, attention, je ne parle pas de défendre un pédophile, un exciseur, ou les auteurs d’une tournante (quel courage et quel recul ont ceux qui traitent ces dossiers !). Je te parle de mon dossier d’un fonctionnaire qui avait fait se succéder malversations,  détournement de procédures et faux ! Je bouillais de devoir le défendre et ce n’était pas réfléchi. C’était juste une réaction. Pourtant, j’ai un profond respect pour les droits de la défense que je considère être un garde-fou intouchable ! Malgré cela, j’ai besoin d’être convaincue de la bonne foi de mon client pour bien le défendre.C’est pour cela que je pense avoir bien fait de ne pas embrasser ce métier. 🙂

Bref, je mettais toute ma bonne foi à faire l’usage de la mauvaise dans ce dossier. Je n’étais pas à l’aise, j’étais agacée de devoir réaliser ce travail, j’avais l’impression que j’utilisais mal mes compétences et mon temps.

Tu as déjà ressenti ça ?

Ce n’est pas nouveau pour autant, nos aînés aussi bien sûr ont ressenti la même chose. Alors qu’est-ce qui a changé ?  Eh bien, on faisait avec, c’était normal, c’était « le travail ». Point. En clair, le travail n’est pas fait pour être épanouissant, tout comme un médicament n’est pas fait pour être bon.Travail vient du latin tripalium qui signifie « peine ». En terminale, j’ai eu « le travail est-il une peine ? » comme sujet de philo. J’ai adoré ! :).

Elle est là la clef de voûte ! Il est là le principal changement d’avec même nos parents: on est à l’écoute de ce que l’on ressent et on le prend en compte.

De cette quête de sens et de notre écoute découle un changement d’acception du mot travail et de son rôle.

Le travail est de moins en moins une parenthèse dans la vie personnelle. Il en devient le prolongement. On essaie d’aligner nos désirs, nos envies, nos valeurs, nos compétences et notre travail.

Le sens que tu donnes à ton parcours et l’épanouissement que tu en retires se placent de plus en plus avant la « réussite » telle qu’on l’entendait encore il y a 10 ans.

La question n’est plus qu’est-ce que tu veux faire plus tard mais bien qui tu veux être.

Là est le vrai changement de paradigme, c’est le rôle de l’entreprise.

Elle est désormais un mode de développement personnel.

Maintenant que tu sais que ce que tu veux être et la place que tu veux veux donner au travail dans ta vie. Il te reste la question de comment y parvenir. C’est là que tu confrontes tes envies et ce que le marché du travail te propose.

II Les schémas actuels et tes envies d’émancipation

Est-ce que tu imagines aujourd’hui qu’être salarié ou fonctionnaire pourrait te permettre d’atteindre tous les beaux adjectifs que tu accrocherais bien à ta vie : épanoui, reconnu et payé à ta juste valeur ?

(…)

Alors ? 🙂

Nous sommes encore une génération à avoir reproduit les schémas familiaux de nos parents. Nous en sortons tout doucement. Je pose la question de ceux qui auront ce nouveau schéma pour point de départ, nos enfants… quid de l’entreprise que l’on connaît ?

Vous avez 3 heures. 🙂

Revenons à nos moutons du travail. Quitter un job qui paye bien ? WTF ? Quelles sont les raisons de ne plus croire en nos modèles ? Ils fonctionnaient pourtant bien à l’ère industrielle et même à l’ère tertiaire ?

Hypothèses :
  • Parce que si nos aïeux bossaient sans remettre en question le modèle, c’était pour couler une retraite tranquille bien méritée. Peut-être que l’on ne croit plus à cette retraite (ils perdent déjà du pouvoir d’achat chaque année d’ailleurs ,nos retraités actuels…) ;
  • Peut-être que l’entreprise n’est plus assez humaine, reconnaissante, bienveillante ;
  • Parce que l’on se recentre sur soi
  • Peut-être qu’on s’habitue au surclassement 🙂 (vous aussi, vous l’entendez partout ?) et que l’on veut toujours plus !

L’équation part désormais du soi : l’entreprise n’est plus la destination mais l’humain le point de départ.

III. Perspectives et autres réflexions

Ici, pas de réponse, d’autres questions. 🙂

A. Le terreau propice pour entreprendre : ta quiétude par rapport à l’argent

Un mode de développement personnel… et non plus seulement faire de l’argent… C’est bien rhétorique tout ça !  Oui, parce que valeurs, sens et alignement ne font pas oublier les fins de mois ! C’est quand même bien d’en avoir un (quand tu es en couple évidemment) qui les assure, les fins de mois, et les mois tout court d’ailleurs. Donc, déjà, c’est bien d’être deux et que les deux soient d’accord. Une première limite que tu trouves à ta quête de sens et ton développement personnel. Tu ne fais pas ce choix si tu n’es pas entouré.

Parce que si les raisons d’entreprendre sont nouvelles, les formes d’entreprises nouvelles, les moyens de communications aussi rapides que la lumière, il y a bien une chose qui ne change pas, c’est que ça demande du temps pour arriver à une petite notoriété. Même aujourd’hui, le plus dur est encore de se faire connaître. Je parlerai des diktats entrepreneuriaux dans ce domaine plus tard.

Je vous rassure, beaucoup d’entreprises, les grosses, j’entends, ou les petites, montées par des entrepreneurs en série qui cherchent la niche et la bonne vague sont toujours celles qui font le plus de levées de fonds… Pas les petites. En cours de changement, oui, mais pas trop vite…

B. Le travail et les études

Par le passé et encore pour quelques uns des actifs d’aujourd’hui, on travaillait, on avait le travail d’une vie avec ses collègues et ses péripéties, on avait sa case et lors des études, on accomplissait des choix d’une vie. Même à l’époque de mon bac, j’avais un peu la pression du bon choix et je ne devais pas être la seule. Je ne regrette pas une seconde mes études, au contraire, non seulement j’ai appris mais j’ai aussi pris du recul, fais œuvre d’abstraction et j’ai adoré ça. Ce n’est ni le droit que j’ai pris de travers ni la matière qui m’ a engluée, non, je nageais en eaux-vive avec délice. C’est l’entreprise qui m’a déçue (a minima… écœurée parfois même). Pourtant, j’ai travaillé dans le secteur, public, privé, des ministères, des start-up. Même combat. Le manque de place de l’humain, l’inertie des mammouths (publics et privés), les louvoiements politiques de certains, les
luttes de pouvoir, les retournements de veste, les copinages de machine à café ! Aargh !

On entend que beaucoup des métiers de demain n’existent pas encore. Je me mets à la place des lycéens… Quelle filière choisir ? Quelle durée d’études ? Entreprendre revêt une vision tentaculaire. Depuis que j’ai monté made in chez toi, 90% de mes activités sont en dehors de ma zone de confort ! C’est-à-dire :

  • étrangères à l’enseignement de la couture (> ce qu’il me plaît de faire, mon but et ma « zone de brillance »)
  • souvent source de désarroi, de doute, d’échecs ou d’abandons…

Au départ et même de manière récurrente, au lieu de coudre ou de mettre en place d’autres thèmes d’ateliers, je fais du marketing, définis/enrichis mon offre, m’organise… Je définis même des processus organisationnels ! C’est sans compter la création et retouche graphique, le développement web…

Quand on crée son métier, il faut avoir bien en tête que l’on ne va pas l’exercer tout de suite et il risque de s’écouler du temps avant que cette activité cœur et cible ne devienne majoritaire.

Dans un prochain article je te parlerai de mes valeurs, de celles de Made in chez toi, de ce qui m’a poussé à créer cette entreprise. Ces valeurs sont mes guides, celles auxquelles je me réfère en cas de doute, mon phare dans la nuit. 🙂 Parfois, il est bon et important de se rappeler pourquoi on a créé notre chemin hors des sentiers bien balisés.

C. Le rapport à l’entreprise

Que puis-je apporter à l’entreprise ? Qu’est-elle prête à me donner pour que je lui apporte mes compétences ? C’est l’emploi-partenaire, enfin ça y ressemble.

Pourtant le lien de subordination est toujours dans le code du travail, et ce n’est pas écrit en tout petit au 75ème alinéa. 😉

Monter son entreprise permet-il de s’affranchir de ce lien de subordination ?

Ton client n’est-il pas en partie ton patron ? A bien y réfléchir la frontière n’est pas si marquée.

D. Vivre de ce qui nous plaît est-il se pervertir ou ternir la matière qui nous anime ?

Très vite, aux yeux des autres, tu passes du côté obscur puisque tes partages sont considérés non plus comme du partage de bonne foi (dirais-je) mais comme de la promotion. Là où tu avais des retours positifs, rapidement, tu ne peux plus t’en nourrir… et n’est pas simple à gérer ni même encaisser.

Il faut dire que toutes les sources d’information voire d’auto-formation, voire de formation-payante sur le marketing, la communication et la vente sur le web te recommandent une attitude agressive. Nous y sommes confrontés quotidiennement en tant que consommateurs et la vie numérique n’en est que le reflet voire même un miroir bien grossissant de toutes les pratiques qui te font bondir dans la vraie vie. Je consacrerai un article à cela. A tous ces diktats et mettrai le lien à jour ici.

D’ailleurs, je fais très mal pour le blogging avec cet article car :

  • il n’y a qu’une photo
  • il n’y a pas de vidéo
  • il n’y a pas de photo-vidéo hybride : la « live photo » dont nous allons être abreuvés d’ici trèèèès peu
  • c’est un long article
  • c’est en dehors de mon champ lexical couture habituel (les moteurs vont perdre la boule ? Non, ils ne vont juste pas indexer et si tu lis cet article, c’est que tu n’es certainement pas arrivé par une requête sur un moteur. N’est-ce pas ?) 🙂

Je vais m’arrêter là, je suis pressée d’écrire à nouveau sur la couture, après tout, c’est cela mon travail-coeur ! En marketing on dirait : « du contenu qui répond aux besoins de ta cible. » C’est joli, hein !

Pour aller plus loin :

cette vidéo de « positive economy »

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