Lors de l’assemblage de cols, de poignets de manches, de parmentures ou de chapeaux, on a besoin d’apporter à certaines parties de notre ouvrage (délicieusement désuet ce terme, j’adore !) de la tenue par l’ajout d’un tissu supplémentaire entre l’endroit et l’envers. C’est l’entoilage.
On l’utilise aussi pour renforcer des parties de tissus qui sont amenées à être sectionnées comme les fentes de col, pattes polo, poches diverses comme la passepoilée ou la poche gilet…
Je ne détaillerai pas ici les techniques anciennes d’entoilage à la main. Personnellement, moins j’ai de finitions à la main à faire, mieux je me porte ! 😉
Je vais te parler ici des entoilages thermocollants.
Types d’entoilage
Je les divise en 2 :
- L’entoilage intissé :
Il se compose de fibres entremêlées de manière aléatoire.
On le trouve partout, il n’est pas cher. Il y a la marque Vliesline ® et plein d’autres. Ça ressemble à ça :
Existe en sombre et clair. La colle est plaquée sur l’intissé et lissée, ce qui donne des reflets brillants sur la face encollée.
- l’entoilage tissé
Tissé, il est donc composé de fils de chaîne (qui forment le « droit-fil ») et de trame. La colle est apposée en petites boules que l’on sent au toucher. Ces boules fondent et pénètrent entre les fibres de votre tissu. Ne vous inquiétez pas, c’est léger et cela ne se voir pas sur l’endroit ! Sur les tissus fragiles, faites un test tout de même.
Le voici : les petites boules de colle au premier plan, le côté tout doux au second.
Oui, tout doux, il est même utilisé sur les vêtements d’enfants brodés. Sur l’envers, il est collé sur les broderies afin qu’elles n’irritent pas les petits bidons par frottement.
Il existe en différentes épaisseurs, en blanc, gris, écru, noir.
J’en ai même utilisé un très épais pour faire un corselet sans baleines et ça tient ! Je ne vous le cache pas, c’est mon chouchou. Il est un peu plus cher mais c’est très raisonnable, par contre, nettement moins facile à trouver. Il faut viser les merceries spécialisées du marché Saint Pierre par exemple pour les franciliennes. Les magasins de tissus s’y mettent, on n’en trouve pas à chaque fois mais ça vient !
Mon avis
L’avantage avec l’entoilage tissé, c’est qu’il se comporte comme un tissu (Maître de La Palice, je vous salue !), alors que l’intissé se comporte comme du papier, voire du carton (yerk !).
Je n’aime pas trop le rendu de l’intissé et voici les autres défauts que je lui trouve :
- il est rigide
- il est souvent mal collé
- même bien collé, il survit mal au lavage
- même fin, j’ai l’impression d’avoir un col amidoné ou des poignets de manche lestés 😉
Exemple avec une chemise du commerce et un col doublement entoilé : une fois le dessus de col, une fois le dessous de col.
Et là, je n’ai qu’une chose à dire :
C’est toi qui cartonnes ou c’est ton col ? (Je sors ?)
Ces irrégularités sont irrattrapables au fer à repasser. Rien à faire que de la porter telle quelle, de la mettre dans le bac « à recycler » ou de s’en défaire.
J’utilise (quand même) l’entoilage thermocollant intissé pour des accessoires qui ne sont pas amenés à être lavés comme les vides poches, les porte-cartes/chéquier/feuilles, les sacs… Ils ont le mérite, dans ces cas, d’apporter plus que de la tenue, de la rigidité. Ou comment tourner les défauts en avantages !
Porte-cartes d’un organiseur de sac :
Utiliser l’entoilage thermocollant
Il faut, dans un cas comme dans l’autre passer du temps derrière sa planche à repasser !
Configurer son fer (ou les geeks de la couture)
- choisir une température adaptée à son tissu
L’entoilage, lui, résistera à une température lin, le tissu fragile, non. Au besoin, utiliser une pattemouille mais sèche (pattesèche ?) 🙂
- Désactiver la vapeur qui va empêcher l’adhérence de la colle
Comment l’appliquer ?
- Pose sur ta planche à repasser un tissu qui ne craint rien et que tu dédieras à l’entoilage (genre toile à patron ou veux drap). Tu débutes ? Vraiment, fais-le si tu tiens à ta jolie housse DIY !
- pose ton tissu sur ta planche (désormais protégée) envers vers toi puis pose l’entoilage, la colle vers le tissu (logique, hein ! Je le précise car l’inattention te coûtera un nettoyage de fer…) 😉
- appose le fer, ne le « passe » pas, pose-le : l’immobilité est gage de réussite
- soulève-le puis repose-le sur un endroit non collé en laissant une surface de chevauchement
- Pour donner un nombre, passe 5 fois au même endroit et laisse ton fer posé 5 secondes sur l’entoilage. Tu crois que c’est collé ? Passe encore une fois ! C’est rageant de voir son ouvrage perdre de se superbe au premier lavage.
L’entoilage intissé supporte mieux le déplacement du fer que l’entoilage tissé. Qui dit tissé, dit droit-fil et donc biais. Le biais se déforme et c’est toute sa valeur justement ! Si tu passes le fer sur ta pièce entoilée, celle-ci va s’étirer et finir plus grande que ta pièce (bouh !), déformée (re-bouh !) et cerise sur le gâteau, se coller sur ta jolie housse de planche (là, c’est carrément scrogneu, sauf si tu as bien respecté le premier point, bon finalement, ouf !)
Comment le couper ?
L’entoilage intissé se coupe comme il vient puisqu’il n’a pas de sens 😉
L’entoilage tissé, lui, a un droit fil. On doit donc le couper en respectant le droit fil (flèche) indiqué sur le patron (source photo Coupe Couture). Ne soyons pas plus royalistes que le roi, le même fil est utilisé en chaîne et en trame, pour des raisons d’économie, cela importe peu si l’on coupe dans la trame.
Dans beaucoup de cas, les pièces entoilées sont des pièces soumises à tension ou courbes et ont besoin de tenue ou de renfort. Beaucoup de parties sont donc coupées dans le biais.
C’est au moment de découper les pièces de patron dans son tissu que ‘on coupe aussi l’entoilage.
Dans le meilleur des cas et le meilleur des mondes, tu dois couper ton entoilage sans marges de couture.L’entoilage doit donner de la tenue, les marges n’en n’ont pas besoin et cela risque d’ajouter trop d’épaisseurs à coudre.
Ça, c’est dans le meilleur des mondes.
Dans la vraie vie, tu peux te permettre quelques largesses avec l’entoilage tissé. S’il est fin, tu peux te permettre de le superposer à ton tissu et de tout couper d’un coup (tissu et entoilage) avec les marges de couture. Ça marche surtout avec un cutter rotatif, les ciseaux biaisent un peu le travail.
L’intissé même fin, ne permet pas vraiment cette largesse. Il cause des surépaisseurs désagréables à la couture.
Ensuite, c’est du bon sens. Si tu couds un imperméable en tissu d’épaisseur moyenne, avec une doublure, un col et une capuche, coupe sans les marges au risque :
1) d’avoir des sueurs froides si ta machine ne gère pas bien les épaisseurs ;
2) d’avoir des marges de couture dans le cou qui resteront droites comme des « i » rebelles à ton grand dam et inconfort (ou celui du cou délicat auquel tu destines ton ouvrage).
Qu’est-ce que j’entoile ?
Les pièces entoilées sont définies dans les instructions de ton patron. Pour les cols, il y a plusieurs écoles 😉
La mienne est d’entoiler le dessous de col et non le dessus et encore moins les 2 (sauf pour un tissu très fin et tout mou. Et encore, si l’on se coud un petit haut à col avec un tissu qui apporte beaucoup de mouvement, je trouve dommage de rigidifier le col).
L’entoilage du dessous de col permet de faciliter le pli de celui-ci en laissant libre le dessus qui ne fait que l’épouser sans le plaquer (on ne finit pas toujours par plaquer celui que l’on épouse). Entoiler le dessus, revient même parfois à faire plisser le dessous de col qui ne sait comment se tenir avec le dessus qui l’écrase.
L’entoilage doit se faire oublier ! Il appartient à l’envers du décor ; c’est le vêtement et son heureuse propriétaire qui occupent le devant de la scène !
Maintenant, c’est à toi !
Allez, monte sur le devant de la scène ! Crée tes propres accessoires et vêtements ! A bientôt pour des réalisations, tutos, astuces, techniques et nouveautés Made in chez toi !
Carine
7 mai 2015 at 8 h 01 minMerci beaucoup pour cet article intéressant !
JEss
7 mai 2015 at 8 h 01 minMerci !!!
Petite Lucyol
7 mai 2015 at 8 h 12 minMerci pour ce super boulot !
Julie Cona
7 mai 2015 at 8 h 41 minBeau boulot!! Article très intéressant! !!
Edwige
7 mai 2015 at 12 h 34 minSuper article ! Intéressant et super bien écrit. Par contre sur la configuration du fer tu as un chiffre qui a sauté : Quand tu lettres le temps à rester sur le tissu c’est une parenthèse que tu as écris au lieu du 5 j’imagine
Magali
7 mai 2015 at 12 h 35 minMerci Edwige pour ta remarque ! Elle est corrigée. C’est bien 5, en effet !
Ravie que l’article te plaise et te soit utile !
Création Lamer29
7 mai 2015 at 15 h 16 minSuperbe article! Bravo!
domage
5 octobre 2015 at 7 h 42 minmerci superbe article bravo
Marcelline
5 octobre 2015 at 16 h 22 minbonjour Magali
pas recu ma confirmation inscription ?
tes explications sont superes
Magali
5 octobre 2015 at 22 h 50 minJe les ai désactivées 😉
Je n’ai pas de spam, pour le moment les robots me laissent tranquilles. Chuuut.
Tu es bien inscrite à la newsletter, tout est ok !
Le prochain très vite sur un ami qui nous veut du bien mais que l’on prend du temps à apprécier, j’ai nommé : « le découseur »…
Nathalie
25 mai 2017 at 16 h 41 minQu’est ce que vous conseilleriez comme entoilage pour une bordure de chapeau d’enfant (lavable).
Merci à vous!
Magali
26 mai 2017 at 13 h 23 minBonjour Nathalie !
Un entoilage tissé moyen (pas trop raide).
Si c’est un bob, juste l’entoilage sur chaque bord sera suffisant. Pour une capeline, voici ce que je fais : les 2 bords seront entoilés puis cousus endroit contre endroit (avec le corps du chapeau en sandwich puis surpiqués en spirale avec 1 cm entre chaque couture. Tu me suis ?
Cela apportera de la fermeté sans cartonner. Il est aussi possible de coudre un passepoil au bord afin de gainer le bord de la capeline, là encore sans le raidir trop. Cela permettra de garder un joli mouvement au chapeau.
J’espère t’aider, dis-moi ce que tu en penses !
Calamity Jane
7 janvier 2018 at 19 h 06 minBonjour ! Question technique : j’ai pour projet de coudre un pantalon pattes d’eph dont j’ai réalisé moi-même le patron. J’ai déjà fait un pantalon d’après ce dernier (qui tombe à la perfection) et je sais qu’il faut un tissu avec assez de tenue. Or je voulais faire cette deuxième version en velours milleraie. J’ai commandé mon tissu mais celui-ci se révèle très fin et souple. A ton avis, puis-je l’entoiler avec un entoilage très léger et tissé, afin de redonner de la tenue au tissu ? Ou ce serait dans tous les cas trop rigide ? Si c’est ok une référence à me conseiller ? Merci d’avance !
Magali
19 mai 2018 at 12 h 48 minHello Calamity Jane !
Oui, tu peux en prendre un fin. Tu ne peux pas trop t’éloigner de ta matière, elle ne réagirait plus comme tu le souhaites. Si jamais tu avais un peu de stretch dans ton tissu, le thermo tissé le gommera. SI tu veux préserver un peu ce stretch,il existe aussi des thermos pour la maille. Là, tu donneras plus de corps à ton tissu tout en lui préservant son côté « moulant », comme un pat’d’eph doit l’être aux cuisses.
Bonne couture !
Magali
Virginie
17 mai 2018 at 14 h 57 minBonjour,
Merci pour votre article, je voudrais rigidifier un vieux foulard en soie pour pouvoir lui donner une forme en volume et que cela tienne dans l’espace.
Que puis-je utiliser d’après vous ?
Merci de votre attention et éventuellement votre aide.
Magali
19 mai 2018 at 12 h 44 minBonjour Virginie !
Pour une forme qui tienne dans l’espace, ce sera le type de projet qui va déterminer ta matière. Si tu veux, par exemple en faire un abat-jour, il te faudra du polyphane. Si c’est pour un vêtement, il existe des thermocollants très épais, tissés. J’ai par exemple, pour un spectacle, créé un serre-taille asymétrique sans baleine (oui le vinyl se thermocolle !). Toujours tissé le thermocollant, c’est bien mieux.
Magali