Costumes de scène
Il m’arrive en plus de donner des cours de réaliser des costumes pour le spectacle, en particulier la danse et le théâtre.
Je ne te parlerai pas des spectacles de juin 2020, toi même, tu sais. 🙂
C’est donc en 2019 que j’ai réalisé les costumes du spectacle Kashmir Project, sur les musiques du groupe Led Zeppelin fondé il y a 50 ans de cela. Musique live, danse live !
Pour ce spectacle, j’ai dû réaliser 88 costumes « all by myseeeelf ! » (il paraît que les GIF sont devenus ringards), le tout dans des modèles et tailles différentes. 🙂
Évidemment, les costumes doivent être légers, agréables à porter et permettre tous les mouvements du corps, cqfd.
Comment cela se passe t-il ?
Pour ce projet, j’ai eu les coudées franches de la conception, choix des tissus (couleur/matière/tombé) à la réalisation. J’ai la chance insolente d’avoir la confiance de l’école et de la chorégraphe pour qui j’avais déjà travaillé par le passé. J’ai même eu le temps d’avoir le temps, ce qui est rare dans le spectacle. Ainsi, j’ai pu m’organiser pour être prête à temps.
La réflexion, l’inspiration
Tout d’abord, malgré cette quantité de costumes, j’avais un certitude : je ne voulais pas quelque chose d’uniforme. Je ne voulais pas que tout le monde se ressemble mais garder une harmonie de couleurs et de tombé. Il me fallait donc un modèle modulable.
Ensuite, j’ai créé ce tableau pinterest d’inspiration et ai établi un modèle, optimisé les découpes en les simplifiant puis décliné en plusieurs tailles. En parallèle de cette réflexion, je cherchais déjà le tissu parce qu’il a un impact primordial pour la conception d’un modèle.
A la question que l’on me pose souvent en atelier : « est-ce qu’il faut acheter le tissu avant ou le patron ? » Eh bien, ma réponse est le tissu ! C’est le tissu qui définira le bon patron. M’enfin, je ne jette la pierre à personne qui craque sur un tissu sans savoir qu’en faire… J’en ai encore un certain nombre dans mon armoire… Et c’est vrai, ils sont beaux !
La réalisation, méthode
Ensuite, ce sont des process :
- couper (plus de 100m de tissu !), dans les tailles différentes et tout ranger pour s’y retrouver le temps du montage, c’est le plus long ;
- assembler
- contrôler
- reprendre les défauts puis éplucher les costumes (enlever les petits fils qui dépassent ou qui se collent), vérifier que rien n’est froissé.
- tout classer par taille puis livrer 🙂
Quelques photos !
Voici aussi quelques photos de l’envers du décor :
Vive les étiquettes. Devant des panneaux de pantalon (sorte de volant drapé devant et dos). Il y en a deux par pantalon. Un pantalon revient donc à 8 morceaux de tissus.
Découpe des pantalons. Ils ont une finition élastique visible de 6 cm à la ceinture.
Choix du tissu
Une idée, un patron, ce n’est pas assez. C’est le tissu qui va donner un beau rendu (ou pas).
Le tissu est un jersey Tencel (un tissu plus écologique que les autres, on va dire, regarde ici par exemple ou ici). C’est très doux, facile à travailler. Vu que c’est du jersey, c’est extensible avec le défaut de tout jersey de roulotter sur les bords (tu le vois même sur la photo) mais de ne pas s’effilocher d’où des finitions de bord à cru. Je n’aurais pas fait un centaine d’ourlets dont beaucoup sur des cercles, j’y aurais perdu ma santé mentale. Léger, il a pourtant un tombé assez lourd et drape très bien, il épouse les corps sans les comprimer et est de ce fait plutôt seyant.
Bref, c’est lui qu’il me fallait et j’ai pu en trouver en cette quantité (parce que ce n’est pas le tout de le trouver, il faut en trouver une centaine de mètres). Le sourcing des matières (car j’en ai proposé plusieurs) est un assez long travail mais j’aime tellement le tissu que c’est aussi un plaisir ! 🙂
La phase de contrôle avec les gommettes. Ici tu vois un défaut d’assemblage à l’emmanchure.
J’en profite pour remercier les 2 mains et le cerveau qui m’ont aidée à plusieurs étapes critiques à savoir la coupe et le contrôle. Parce que tous ces costumes, ça transforme l’atelier en gros bazar, il y en a partout ! 100m de tissu coupé en petits bouts… 🙂 Je remercie ma maman qui m’a énormément aidée à la coupe : 4 mains pour plier, préparer, dérouler, mettre bord à bord… ce n’est pas de trop. Elle s’est aussi chargée de contrôler chacun des costumes pendant que je les corrigeais dans la foulée. Optimisation. Les gommettes servent à gagner du temps : pas de mots, juste deux points, un défaut entre les deux, une couleur, c’est suffisant et plus efficace.
Justement dans cette phase de contrôle et de correction, tu dois savoir user de ton découseur. J’en ai profité pour tourner une vidéo sur comment découdre un surjet. Autant te dire que j’étais heureuse de connaître cette technique !
Un plaisir pour moi de participer à de beaux projets comme ceux-là ! Je salue aussi la technicienne lumière et son, les musiciens et (le chanteur qui m’a époustouflée). Chanter du Led Zep ne s’improvise pas et là, on s’y est cru !
Quelques vidéos ici :
Pantin Pantine et Rétro-futur Ballet
Voici une galerie d’autres costumes que j’ai pu réaliser pour un opéra et un spectacle de danse classique.
Rétrofutur Ballet
J’ai dû concevoir et réaliser des jupons de tulle pour toutes les danseuses et des pantalons thaï pour les danseurs. J’ai aussi eu à m’occuper de brassards et ceintures dans lesquels il fallait glisser des bâtons luminescents, les mêmes qu’il y a dans les verres d’apéro de certains bars ou à Halloween 🙂 J’ai aussi intégré des lumières dans les costumes (spots à LED).
Les jupons longs de danseuse
Tout d’abord la réalisation des jupons : finalement, ce ne sera pas du tulle mais de la résille de lingerie. Quand j’ai touché cette matière, je savais que ce serait elle. 🙂 Fluide et non raide, douce et non rêche. Le jupons noirs sont ceux des élèves, ils sont à forme portefeuille c’est à dire qu’ils se croisent et ferment par des pressions de lingerie au mètre. Les rouges sont ceux des professeurs, ils ne sont pas portefeuille et donc nécessitent plus de plis pour une plus grande amplitude. Et comme vous le verrez sur la vidéo, la jambe monte haut mais alors très haut ! 🙂
Le tulle (ou la résille) se pince parce que les épingles ne tiennent pas, c’est assez fatiguant pour la vue alors dès le départ, il faut se simplifier la tâche en préparant le travail et ne pas avoir à regarder le tissu avec précision et attention. J’ai choisi une double épaisseur alors la première étape a été de le plier sur toute sa longueur et de le pincer afin d’avoir un bord bas net. Une fois plissé (car ce ne sont pas des fronces),il est stabilisé et se pique très bien. J’ai plissé toute la distance que j’avais calculé puis coupé puis assemblé avec l’élastique.
Les brassards et ceintures
Je les ai réalisés en néoprène brillant pour qu’ils se voient dans une ambiance lumineuse assez sombre comme c’était prévu. D’ailleurs, la manière dont un tissu prend ou ne prend pas la lumière compte dans son choix. Des bâtons lumineux devaient être insérés, il fallait donc cacher le moins possible du bton et surtout que ce soit strictement vertical ou horizontal pour un beau rendu. Le néoprène a énormément d’avantages (même s’il est tout synthétique, on est d’accord…) mais pas celui de se trouer facilement. C’est un avantage pour une combi de plongée, oui, c’est vrai ! 🙂 Mais là, avec ma perforeuse manuelle, je n’ai pas réussi à perforer avec efficacité (vu le nombre de trous, je devais y penser) et encore moins avec une précision suffisante pour que la bâtonnets soient parallèles ou perpendiculaires. Ouch…
Eh bien, c’est la technologie qui m’a apportée la solution et le Faclab de Gennevilliers (oui c’est un fablab mais dans une fac, t’avais compris, enfin, un IUT mais le jeu de mots était moins évident) 🙂 Je ne le dirai jamais assez et j’aimerais encore plus y participer mais vive les Fablabs, la diffusion des connaissances et le savoir libre ! Cet endroit est tout simplement merveilleux : plein de machines pour travailler le bois, des machines à coudre et à piqué libre, des découpeuses laser, un travail sur la permaculture, l’apiculture… Je n’en parle pas ici mais c’est tout ce que j’aime. 😀
La découpe laser
J’avais fait une formation pour utiliser cette machine mais jamais pratiqué. Pourtant, tout était clair dans ma tête mais une fois qu’il faut passer à l’action, ça se complique. C’est comme tout apprentissage, plus tu mets les mains dans le cambouis (en toute sécurité), plus tu apprends. Vu l’urgence et mon désarroi, j’ai pu compter sur quelqu’un qui maîtrise la création de fichiers à envoyer à cette machine. Oui, ce ne sont que des rectangles, oui, ce ne sont que des trous… 😀 Je remercie ici Comtesse Jojo pour son aide précieuse et désintéressée.
Voici la découpe :
Je vous laisse chercher les vidéos, elles sont hébergées sur Facebook et ne peux les intégrer ici.
Pantin Pantine
Réalisation de chasubles en feutrine noire et blanche avec tantôt un cercle, tantôt un rectangle.
Préparation : prise de repères, coupe et épinglage
Ce ne sont que des rectangles et des cercles. Tout d’abord tout couper selon les mesures que j’ai définies. Puis placer tous les appliqués sur les devants et les épingler. Enfin, piquer les appliqués puis faire l’assemblage final avec la pose des élastiques sur chaque côté.
Les couture rabattues
J’ai tout traité en couture rabattue pour que les chasubles se placent bien à plat et soient solides. Il y avait 4 tailles. XS, S, M et L. Ce sont pour des enfants donc le L est tout relatif…! Il faut bien nommer les choses ! 😀
Les appliqués
Comme toujours la première étape est la prise de repères pour placer chacun des appliqués au bon endroit puis chacun des élastiques afin que tous les costumes, de toute taille se ressemble, question de proportion. 🙂
Tout ça pour eux :
Vive le spectacle vivant ! 🙂
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